novembre 29, 2023

CYKZ n’est plus

Jon Robinson

― Par Phil Lightstone

Si la première intention de vendre l’aéroport municipal de Toronto/Buttonville (CYKZ) à des promoteurs immobiliers remonte à 2009, ce n’est que le 31 mai de cette année que la direction de l’aéroport a officiellement annoncé sa fermeture définitive le 30 novembre suivant, obligeant 200 à 300 aéronefs à se trouver un nouveau port d’attache. Les principaux intéressés avaient néanmoins été encouragés à quitter les lieux entre le 31 octobre et le 15 novembre.

Ce faisant, l’aéroport a commencé à déplacer de l’équipement et à vendre des actifs en novembre, tels que des remorqueurs, des chasse-neige et du mobilier de terminal (pour n’en nommer que quelques-uns). Avec le départ de la plupart des locataires, le terminal est devenu un lieu fantôme et étrangement silencieux. Les hangars se sont vidés en attendant leur sort ultime : être démantelés et vendus à la ferraille. Au son du compte à rebours, la direction a été encouragée à vendre ou à céder les actifs restants.

Le 16 novembre, la piste 03/21 a été fermée et les marquages effacés. Alors que la piste 15/33 fermait à 11 h 00 HNE, quelques aviateurs intrépides y ont tout de même effectué quelques posés-décollés et atterrissages avec arrêt complet. À moins de 15 minutes de la fermeture, trois avions Cessna (172 et 150) s’y sont posés. D’après les appels radio, un Cessna 172 en provenance de la région d’Ottawa est arrivé à 11 h 02. Il s’est donc contenté d’effectuer un survol à basse altitude, puis il a poursuivi sa route.

Le 24 novembre, une entreprise d’asphaltage a commencé à effacer les numéros et les marquages de la piste 15/33. Sur une note personnelle, se tenir sur une piste fermée et regarder des équipements lourds y circuler s’avère un peu déprimant. J’ai commencé à voler à Buttonville en 1993. Des amitiés s’y sont développées, ainsi que des souvenirs pour la vie.

Le 27 novembre, un seul avion se trouvait encore à Buttonville : un Beechcraft Musketeer non immatriculé (B19, certificat périmé depuis le 12 septembre 2022) avec des pneus crevés. Comme le propriétaire ne répond ni aux courriels ni aux appels de la direction de l’aéroport, l’avion pourrait se retrouver sur une remorque et vendu à la ferraille. Il semblerait que certains pilotes débrouillards auraient signifié leur intention de l’acheter et de le remettre en état de voler. Ce dénouement demeure néanmoins optimiste.

Chris Nowrouzi, PDG de FLYGTA Airlines, a commencé sa carrière dans l’aviation sur la piste de Buttonville, en tant qu’instructeur de vol, avant de cofonder FLYGTA Airlines à cet emplacement. L’entreprise y exploitait une salle d’embarquement (passagers et pilotes), y donnait des formations récurrentes et y administrait des activités d’entretien et d’affrètement. FLYGTA a prospéré au cours de ses années à Buttonville (et dans les autres aéroports où elle faisait des affaires). Chris Nowrouzi a grandi à Buttonville. « Je me souviens qu’en 2005, lorsque j’ai commencé à travailler là-bas, j’avais compté plus de 500 avions sur les aires et dans les hangars, parmi lesquels près de 50 appartenaient à l’école de pilotage. Buttonville était exceptionnellement occupé, avec un avion en attente à la position 20 pour le décollage et 10 autres dans le circuit. C’était un joyau qui fera partie de moi pour toujours. Des gens comme Dan Matovic et Sylvie Snutch ont eu une grande influence sur ma carrière avec leurs conseils judicieux. Je remercie tous ceux qui ont contribué à écrire l’histoire de cet aéroport… disparu, mais qui ne sera jamais oublié. »

Le responsable de la sécurité de l’aéroclub de Buttonville (Club COPA 44), David R. Cox, relate qu’il a passé deux merveilleuses décennies à l’aéroport municipal de Buttonville. Ce dernier a obtenu sa licence en 1963, et il a volé au départ de Buttonville depuis 1997. « Je me rends quotidiennement à Buttonville depuis deux semaines pour observer le début des travaux et faire mon deuil. Même si j’ai transféré mon avion à l’aéroport d’Oshawa, Buttonville me manquera assurément. À mon avis, cet aéroport était unique dans la région du Grand Toronto. »

Marvin Kalchman a découvert la passion de l’aviation plus tard dans la vie, déplaçant son ultraléger sophistiqué d’Edenvale à Buttonville en 2021, après avoir entrepris sa formation de pilote en 2018. Son domicile se trouvant à 20 minutes de route de l’aéroport, ce déménagement a augmenté ses occasions de voler. Marvin a récemment obtenu sa licence récréative à Buttonville. « Le service de conciergerie fourni par Buttonville Flightline était exceptionnel. Le personnel surveillait mon aéronef et me tenait informé de toute situation. Il n’y a jamais eu de problème pour faire sortir mon avion, même lors d’avis de dernière minute. La camaraderie qui régnait à l’aéroclub de Buttonville a favorisé la découverte de nouveaux amis pilotes prêts à partager leurs expériences et leurs conseils avec un pilote novice. »

Plusieurs commentaires, photos et vidéos ont été publiés sur Facebook et d’autres réseaux sociaux, témoins d’une émotion et d’une nostalgie palpables. Comme je le mentionnais dans une autre capsule au début du mois, les aéroports régionaux comme Buttonville s’avèrent aussi un lieu de rencontre pour les aviateurs et les passionnés d’aviation, où l’amour de l’aviation peut être partagé et renforcé. Nous souhaitons le meilleur pour la suite à tous les « relocalisés » ainsi qu’aux habitants de Buttonville. L’un des résultats positifs de la fermeture de l’aéroport est la création d’un manuel de fermeture d’aéroport, qui, selon la rumeur, pourrait être utilisé pour la fermeture de l’aéroport de Toronto Downsview (CYZD).